L’organisation à but non lucratif qui supervise le système d’adresses Internet se prépare à une vague de poursuites judiciaires à la suite d’un programme controversé qui pourrait ajouter des centaines de domaines de premier niveau tels que .apple et .nyc.

L’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, une organisation à but non lucratif basée en Californie qui a un contrat avec le gouvernement américain pour gérer le système d’adresses du Web, devait commencer à accepter les candidatures le 12 janvier pour de nouvelles extensions à droite du point, incluant des noms de marques, des villes, et presque n’importe quel mot dans n’importe quelle langue. Le programme pourrait donner lieu à jusqu’à 2 000 suffixes Web, selon ICANN. Il n’existe actuellement que 22 domaines génériques de premier niveau, dominés par .com, .net, et .org. Selon le plan d’ICANN, le Web pourrait voir appara?tre des suffixes comme .ford ou .coca-cola.

Depuis l’approbation du programme en juin, ICANN a fait l’objet de critiques de la part des entreprises disant que la prolifération des suffixes va semer la confusion chez les consommateurs et augmenter les co?ts des entreprises pour protéger leurs marques. Plus de 50 entreprises, dont General Electric, American Express et Johnson & Johnson, ont signé une pétition demandant le report du plan, et plus d’une douzaine de membres du Congrès ont soutenu leur cause. Le président de la Federal Trade Commission, Jon Leibowitz, a qualifié cette initiative de ??désastre potentiel?? qui permettrait aux escrocs d’arnaquer les consommateurs en créant des sites Web frauduleux.

Pourtant, l’administration Obama n’est pas susceptible d’imposer sa volonté à une organisation internationale. Chaque fois qu’ICANN ? semble accorder trop d’attention à ce que dit le gouvernement américain, cela provoque une certaine résistance de la part du reste du monde, et les états-Unis en sont sensibles ?, déclare Esther Dyson, première présidente du groupe et critique de l’expansion des noms de domaine.

ICANN poursuit ses démarches, affirmant que le plan a été minutieusement examiné lors de six années de délibérations et inclut des protections pour les marques déposées. ? Nous disposons de garanties étendues pendant le processus et même après, si des abus sont détectés ?, déclare Steve Crocker, président du groupe. Néanmoins, ICANN mettra de c?té environ 60 000 dollars sur chaque frais de candidature de 185 000 dollars pour un domaine afin de couvrir d’éventuels litiges liés au programme.

Qui profitera d’une explosion de nouveaux suffixes Web ? Le programme pourrait stimuler les ventes pour Go Daddy Group, VeriSign et d’autres entreprises qui exploitent et vendent des domaines Web aux entreprises et aux consommateurs. Donuts, une start-up de Seattle dont le nom signifie ??domain nuts?? (passionnés de domaines), prévoit de postuler pour 10 domaines de premier niveau dans le cadre du programme d’ICANN, déclare le co-fondateur et directeur général Paul Stahura. Il a refusé de révéler les domaines que son entreprise vise. (Personne dans ce secteur ne souhaite montrer ses cartes trop t?t). ? C’est un domaine ouvert qui est m?r pour des innovations créatives ?, déclare Stahura.

Cette expansion pourrait également donner un coup de pouce financier à ICANN, qui se finance en grande partie par la perception de frais auprès des compagnies de noms de domaine. Le programme pourrait doubler le budget annuel d’ICANN, qui s’élève à 85 millions de dollars, déclare Rod Beckstrom, PDG du groupe.

ICANN a approuvé un domaine .xxx pour les sites à contenu pour adultes en mars. Près de 200 000 domaines .xxx ont été vendus jusqu’à présent, selon Stuart Lawley, directeur général d’ICM Registry, une société de Floride qui a acquis les droits de gestion du suffixe .xxx auprès d’ICANN. Cela s’est avéré être un bon investissement : ICM a encaissé près de 25 millions de dollars grace aux ventes de domaines .xxx l’année dernière, indique Lawley.